Nous savons :
que Charles Ferdinand disposait d'importantes surfaces agricoles qu'il avait données en fermage à Charles Midorge et qu'il consacrait aussi du temps à gérer la pépinière (encarts publicitaires, clients, …) ;
que Charles Ferdinand et Valentine ont vu Léon, leur fils ainé, mourir à 16 ans en août 1863 (émouvante tristesse de Charles Ferdinand dans sa correspondance de 1870 ;
que pour nous représenter Charles Ferdinand et Valentine et le petit monde avec qui ils vivaient dans la simplicité et l'affection, nous avons cette photo prise en 1858 :
à gauche, Charles Ferdinand avec Valentine et Fernand,
au centre assis, Léon qui tient la commande de l'appareil photo
au centre Charles Midorge,
assises Augustine son épouse et leur fille Alix,
à droite, Charles Nanteuil
qu'après le décès de Charles Ferdinand, Valentine épousera Charles Nanteuil leur voisin et ami ;
que Charles Ferdinand était chasseur.
Ma Chère Valentine
Je ne t’ai pas répondu de suite parce que j’avais mal compris ta lettre en voyant que tu ne pouvais pas venir hier. Cela m’avait contrarié, car la semaine prochaine je dois voir la famille Pasquet, mais en relisant ta lettre j’ai vu que tu étais libre à partir d’aujourd’hui. Soit donc assez gentille pour venir cette semaine si cela ne te dérange pas trop, car sans cela nous aurons un peu tard le plaisir de vous avoir. La famille Pasquet ne viendra que vers mardi de la semaine prochaine.
Si tu peux venir pour demain mardi, envoie une dépêche à Alfred pour le prendre… Marly à 5 h 1/2 ou à 6 heures.
J’espère que vous vous arrangerez pour venir et rester toute la semaine avec nous. Alfred sera très content d’avoir ses messieurs. Il est toujours souffrant de ses douleurs.
J’attends demain pour t’embrasser. Ta cousine affectionnée.
Marie.
Nous avons la famille Martin jusqu’à demain soir.
À Monsieur Bocage
Mon cher Monsieur Bocage, s’il est possible de me procurer deux places de balcon de première galerie ou bien même d’orchestre. Je compte sur votre gracieuseté pour me les faire obtenir. Vous ne doutez pas du désir que j’ai d’aller vous applaudir dans le nouvel ouvrage de Mme Sand. À l’avance mille remerciements.
Barthe – 9 mai 1855
Le 18 juin 1863
Je vous serais infiniment gré, Madame de votre discrétion que je n’ai pas un seul instant mis en doute : je ne vous ai jamais connu de sentiments hostiles à mon égard. Pourquoi faut-il que je n’en puisse par dire autant de votre mari qui a fait un usage déplorable d’une lettre qu’il a reçu dernièrement dans des circonstances absolument identiques.
Si ce héros magnanime qui a eu le triste courage de laisser tomber la dynastie de juillet veut sauver l’empire qui à mes yeux n’est nullement menacé, il ne devrait pas, pour assouvir une haine et une vengeance que je ne comprends pas, livrer lâchement à la police, un membre de sa famille qui porte son propre nom.
Dieu merci, l’opinion publique m’a suffisamment vengé de cet ennemi ténébreux qui devrait périr au grand soleil.
Veuillez accepter pour vous, Madame, l’expression sincère de mes sentiments d’estime et de bonne considération.
Respectueusement
Mon cher Monsieur
J’espère que vous n’avez pas oublié que je dois venir demain vendredi à 2 heures chez vous ; je serai exact à moins que le diable m’envoie un de ces accès violents de fièvre qui me mettent le corps à l’envers.
Agréés mes civilités empressées.
Général Jomini – Paris, le 10 mars 1858
Monsieur,
si vous avez les cinq poiriers que j’ai marqués en pots, et bien venus, je vous serais obligé de me les apporter à Seine Port.
Lieusaint le 23 mars 1860.
Le quinze octobre prochain, je paierai à l’ordre de M. Lorriot la somme de deux mille neuf cents francs pour valeur d’une machine à battre.
Il a été convenu entre M. Alfroy Charles Ferdinand, cultivateur pépiniériste à Lieusaint, et M. Michel Eugène Chevreul propriétaire représenté par son fils Henri Chevreul, ce qui suit
M. Chevreul a fait exécuter une opération de drainage sur les terres cultivées par M. Alfroy. Cette opération s’élève à une somme de cinq mille cinq cents francs. M. Alfroy s’oblige à payer tous les ans à M. Chevreul avec son terme de Pâques, les intérêts à cinq pour cent de ladite somme de 5,500 Fr. Ces intérêts commenceront à courir le 1er janvier 1864 et seront ainsi payés jusqu’à la fin du dernier bail qui a été passé le 27 août 1879 par Me Savonère Notaire à Villeneuve Saint-Georges.
Paris, le 19 janvier 1864 – Henri Chevreul – Alfroy Neveu
Monsieur Henri Chevreul soussigné s’oblige lui et ses successeurs à faire remise sur le présent bail de la somme de deux cent soixante-quinze francs par an (montant des intérêts du prix des travaux de drainage) à partir du jour où il aura la pleine propriété du domaine de Lieusaint dont il ne possède aujourd’hui que la nue-propriété.
Paris, le 15 février 1882 – Henri Chevreul
Encarts publicitaires passés par Charles Ferdinand dans des journaux.
Quelques arbres hors ligne qui aident à transformer le Champs de Mars en un parc qui semble créé depuis de longues années.
Je soussigné propriétaire à Lieusaint, autorise Monsieur Alfroy neveu, propriétaire pépiniériste au dit lieu, à faire garder la chasse de mes propriétés dont je lui ai laissé la jouissance par mon bail.
Paris, le 1 août 1869 – Henri Chevreul
Résultat de l’expertise par Monsieur Vaury Viesoi d’un part et Monsieur Boulanger d’autre part. Tous deux ayant été choisis comme experts dans la cession d’attirail et des récoltes de toutes sortes, pendantes, par racines, fait pour Monsieur Alfroy Neveu à Monsieur Midorge sur un lot de terres que Monsieur Alfroy Neveu tient à Brie de Monsieur Chevreul et sur un autre lot de terres de quatre-vingt-cinq arpents environs lui appartenant à lui-même.
Succession de M. Charles-Ferdinand Alfroy Neveu, en son vivant pépiniériste, demeurant à Lieusaint où il est décédé le 17 septembre 1876…
et pour seul et unique héritier, son fils mineur ci-après nommé, né de son mariage avec Mme Alfroy sa veuve, M. Ferdinand Alfred Alfroy, sans profession, mineur, étant né à Lieusaint le 31 janvier 1857.
de la somme de 30.000 Fr en trousseau et numéraire
de celle de 21 278 Fr montant des sommes, créances et valeurs nobiliaires encaissées par la communauté et revenant à Mme Alfroy dans les successions par elle recueillies pendant le mariage de Joseph Picheran, propriétaire et Mme Tredi Veritore Delgoffe son épouse, ses père et mère et de M. Jule Louis Picheran son frère, décédés
M. Picheran père à Paris, le 30 mars 1851
Mme Picheran mère à Paris, le 16 mai 1855
et M. Picheran frère, aussi à Paris, le 16 décembre 1856
dont elle est héritière … une maison sise à Paris, rue Saint-André des Arts, n°70, appartenant en propre à Mme Alfroy comme l’ayant recueillie dans la succession de Mme Picheran sa mère… vendue moyennant un prix principal de 43 650 Fr.
… le montant des reprises de Mme Alfroy s'élevant à 100 000 Fr environ.
Mobilier, prix en l’inventaire : 4 547 Fr
Fond de pépiniériste exploité par M. Alfroy à Lieusaint et la marchandise en dépendant, vendu à M. Léon Ausseur, pépiniériste à Lieusaint… le 16 décembre 1876 pour 16 000 Fr.
Deniers comptants au décès : 6 450 Fr.
Créances actives dus par divers : 5 327 Fr.
Créances actives encaissées depuis le décès : 3 488 Fr.
Prorata du fermage de M. Midorge à raison … : 3 488 Fr.
Prorata du loyer des maisons : 1 298 Fr
Les reprises de Mme Alfroy étant supérieures, absorbent tous ces actifs mobiliers comme dit plus haut et il n'y a à payer que sur les immeubles.
Terroir de Lieusaint, ferme comme maison d’habitation pour le fermier, bâtiments d’exploitation, cour, jardin à 28 ares environ…
Le tout loué par M. et Mme Alfroy de la manière suivante, aux termes d’un acte reçu… le 17 juin 1876… un bail à M. Charles Midorge cultivateur et à dame Augustine Gérard se femme, demeurant à Lieusaint pour 9 années, du 1er avril 1876 :
la ferme ci-dessus désignée et 38 hectares de terre, près et bois
et ont sous-loué à M. et Mme Midorge 75 ha appartenant à M. Chevreul qui leur en avait fait la location par bail du 7 août 1871
Ce bail et sous-location ont été faite moyennant un fermage annuel de 13 501 Fr, les contributions en sus ;
Les biens loués poue7 098 moyennant, outre les contributions, un fermage annuel de 7 252 ce qui donne pour les biens loués à M. Midorge : 7 098
Reste donc pour les biens loués appartenant à M. Alfroy : 6 402 Fr
Mais il faut déduire les immeubles compris sur Tigery, soit 255, reste 6 163 Fr.
2° les biens ci-après loués à M. Ausseur pépiniériste demeurant à Lieusaint sur un bail pour 12 ans…
Au total sur Lieusaint, ce qui à raison de 50 hectares donne un revenu annuel de 1 045, soit au total du loyer du bien loué à M. Ausseur : 1833 Fr.
… on a un revenu de 9 163 Fr.
Un hectare de terre sur Moissy …
… une longue liste d’habitations… pour un revenu de 3 038 Fr soit en récapitulation des biens propres, bâtiments 60 765 Fr. et terres 234 792, total : 295 157 Fr.
Mon cher petit père
Je t’écris par le plus beau temps du monde, le rossignol chante autour de moi, le coucou s’en donne à cœur joie et je crois que cela m’inspire une petite lettre digne de toi. Je travaille beaucoup mieux, Mme Souville, maitresse d’anglais est contente, le professeur de latin aussi, enfin dans ce moment-ci, tout va à peu près pour le mieux sauf le piano que je néglige un peu. Je ne sais pas si à Lieusaint les hannetons sont nombreux, ici ils pullulent le soir, ils entrent partout dans la cuisine, dans la salle, dans le corridor, enfin nous leur faisons une chasse à outrance. Les pommes de terre sont-elles tous plantées chez Nanteuil, aussi ici tout cela est fait, il y a déjà quelques temps puisqu’elles commencent à lever un peu. Maman passe ses journées dans un fauteuil à tricoter une paire de chaussettes pour toi où tu pourras placer ton gros mollet, mais si la chaussure est large, l’intention n’en n’est pas moins bonne.
Je t’envoie une feuille de spirea, c’est une variété que je ne connais pas bien. Ce sont des touffes basses, prêtes à fleurir, les autres spirea sont en pleines fleurs ici. Dis-moi aussi le nom de cette feuille violette que je t’envoie. Je soutiens pour de l’épine vinette. La végétation est en retard ici, les pommes à cidre commencent seulement un peu à fleurir. On ne voit pas encore d’asperges. Je crois que le jardinier ne sait pas cultiver ce légume. Il a planté de la salade sur les fossés et on ne sait pas les fumer. Je prends les noms des arbres qui manquent à M. Émile et nous lui ferons un gentil petit envoi.
Adieu père, je t’embrasse bien. Embrasse Lisa pour moi.
F. Alfroy